Design Communautique, espaces communicationnels et systèmes sociaux numériques : le cas du «Blockchain»

Pierre-Léonard Harvey et Geoffroi Garon Épaule (Faculté de communication, UQAM)

La Quatrième Révolution Industrielle (Rifkin, Bauwens, Benkler) peut être décrite comme l’explosion des systèmes cyberphysiques (Zhuge), qui dans le contexte des sciences sociales et communicationnelles, commande l’analyse et le design de nouveaux espaces communicationnels sociotechniques et multimodaux: ce que nous appelons les «systèmes sociaux numériques». (SSNs). Les SSNs représentent une nouvelle classe de systèmes sociotechniques dont les capacités reposent de moins en moins sur les technologies et l’infrastructure de la troisième révolution industrielle. La 4ième révolution engendre actuellement de nouveaux modes d’existence (Latour) dans lesquels la vie quotidienne est «énactée», «embarquée» et «incorporée» à l’intérieur de l’être humain, des communautés de pratiques (virtuelles ou du monde réel) selon une nouvelle sociomatérialité (Mingers). Les exemples incluent de nouvelles formes d’intelligence artificielle, d’intelligence collective et collaboratives, du nouveau matériel informatique pour la gouvernance qui reposent entre autres sur la cybersécurité, soutenue par les méthodes cryptographiques comme le Blockchain. Le blockchain sera donc considéré ici comme un exemple de SSN basé sur les systèmes cyberphysiques d’encryptage et de cybersécurisation de la collaboration humain-machine.Dans ce contexte et à partir de l’analyse du «cas Blockchain», nous allons introduire le Design Communautique (DC) en tant que nouveau champ de la communication appliquée. Le DC propose une démarche de recherche-intervention originale en affirmant le caractère inéluctablement sociotechnique de toutes les réalités des processus de collaboration dans les organisations virtuelles et les systèmes sociaux numériques (SSN). Les systèmes sociaux numériques sont des espaces communicationnels complexes dans lesquels divers types de sous-espaces sont générés et évoluent. Divers types d’acteurs ou de parties prenantes interagissent autour d’un objectif commun, s’influencent mutuellement en partageant divers types de connaissances. Les membres de diverses communautés de pairs à pairs peuvent s’influencer autour d’une place réelle conventionnelle ou dans des espaces virtuels communs. De nombreuses interactions peuvent être ainsi générées et de nouveaux espaces communicationnels peuvent être observés et analysés. Nous montrerons qu’à travers les «affordances» et les effets de valorisation de divers types de médias socionumériques, l’être humain crée les sous-espaces physique, psychologique, mental, social et cyberspatial (Ning et al.). L’ensemble de ces espaces engendre à son tour de nouveaux territoires de pensée et d’action: une noosphère (Theillard de Chardin, Morin).